Autre

Le récit fascinant d’une baleine à bosse protégeant une plongeuse d’un requin-tigre


Les profondeurs océaniques réservent parfois des scènes d’une intensité rare, où l’instinct animal transcende les frontières des espèces. En 2021, la biologiste marine Nan Hauser a vécu une expérience saisissante au large de Rarotonga, dans les îles Cook. Alors qu’elle observait paisiblement des baleines à bosse, un événement inattendu est venu bouleverser le cours de sa plongée.

Une des baleines, d’une taille imposante, a soudainement modifié son comportement, se plaçant entre la scientifique et un danger imminent. D’un mouvement ferme, elle a enveloppé Nan Hauser sous ses nageoires pectorales, la guidant résolument vers la sécurité de son embarcation. Ce geste, d’apparence brutale, cachait en réalité une intention protectrice face à une menace grandissante.

Quelques instants plus tard, la véritable nature du péril s’est révélée : un requin-tigre d’une taille exceptionnelle s’approchait rapidement. Nan Hauser, pourtant familière de ces prédateurs, n’avait jamais observé un spécimen aussi massif. « J’ai passé toute ma vie sous l’eau et j’ai vu beaucoup de requins-tigres », a-t-elle confié à BBC Earth en 2021. « Celui-ci, c’était comme un camion. C’était un énorme requin-tigre, et il fonçait droit sur moi ».

Comportement altruiste des baleines à bosse face aux requins-tigres

La scène, digne d’un récit improbable, a profondément marqué la chercheuse. Elle a rapidement compris que la baleine ne cherchait pas à l’agresser, mais à la protéger d’un prédateur redoutable. Un tel comportement, où un cétacé met sa propre sécurité en jeu pour sauver un humain, soulève d’importantes questions sur la capacité d’altruisme chez ces mammifères marins. « Je n’arrive toujours pas à y croire aujourd’hui, et en tant que scientifique, c’est encore plus difficile. Si quelqu’un m’avait raconté cette histoire, je ne l’aurais pas cru. »

Ce témoignage met en lumière la complexité des interactions interspécifiques dans le milieu marin. Les baleines à bosse, déjà connues pour leur intelligence et leur sensibilité, démontrent ici une aptitude à intervenir dans des situations extrêmes, parfois au péril de leur propre intégrité.

Un an et quinze jours après cet épisode, le destin a offert à Nan Hauser une seconde rencontre bouleversante. Prévenue de la présence d’une baleine dans la région, elle a rapidement identifié son sauveur grâce à des marques distinctives sur la nageoire caudale.

Reconnaissance et mémoire chez les cétacés : une relation unique

« Et là, cette baleine mâle est venue juste à côté du bateau. Il a ignoré tout le monde et il m’a regardée directement… J’ai vu une cicatrice sur sa tête et j’ai crié : ‘Il est de retour, je n’arrive pas à y croire !’ », a-t-elle relaté à BBC Earth. La biologiste n’a pas hésité à replonger pour retrouver l’animal. « Il a ouvert les yeux et il m’a regardée, il n’arrêtait pas de me pousser avec son rostre… C’était comme voir son chien qu’on n’a pas vu depuis six mois ».

Ce lien singulier, forgé dans l’urgence d’une situation extrême, souligne la capacité de mémoire et de reconnaissance des baleines à bosse. Nan Hauser a confié que cette rencontre resterait gravée dans sa mémoire : « Il me manque. Enfin, qui d’autre peut dire qu’une baleine lui manque ? »

Ce type de comportement n’est pas isolé. Déjà en 2016, le biologiste marin Robert Pitman évoquait dans la revue Marine Mammal Science des cas similaires, suggérant que l’intervention des baleines pour protéger d’autres espèces serait relativement fréquente. Pour Pitman, la clé réside dans la compassion dont font preuve ces géants des mers.

Altruisme et compassion : vers une nouvelle compréhension des baleines à bosse

La question demeure : pourquoi ces mammifères marins risqueraient-ils leur vie pour venir en aide à d’autres espèces, y compris l’homme ? Plusieurs hypothèses sont avancées, mais pour Robert Pitman, la réponse est limpide : il s’agit d’une manifestation de compassion. Ce constat invite à repenser la place de l’altruisme dans le règne animal, en particulier chez les cétacés.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page
Fermer