Le dernier rapport annuel sur l’état du climat, publié ce mercredi, dresse un constat alarmant pour la planète. Malgré une progression sans précédent des énergies renouvelables, la consommation mondiale d’énergies fossiles atteint un sommet historique. En 2024, l’utilisation des combustibles fossiles s’est révélée trente-et-une fois supérieure à celle combinée du solaire et de l’éolien. Ce déséquilibre énergétique met en lumière l’ampleur du défi climatique actuel.
Parallèlement, la double accélération du réchauffement des océans et de l’atmosphère bouleverse profondément les cycles climatiques mondiaux. Les scientifiques alertent sur l’intensification des perturbations, affectant tous les continents sans distinction. Les conséquences de ces dérèglements se manifestent déjà à travers une succession d’événements extrêmes.
Les deux dernières années ont été marquées par une multiplication de catastrophes naturelles majeures. Inondations meurtrières au Texas, incendies dévastateurs à Los Angeles, typhon Yagi en Asie du Sud-Est : ces phénomènes traduisent la montée en puissance des risques liés au changement climatique. Les bilans humains et matériels s’alourdissent, illustrant la vulnérabilité croissante des sociétés face à la crise.
Réduire les émissions et renforcer l’adaptation climatique
Dans ce contexte, la chercheuse australienne Sarah Perkins-Kirkpatrick, co-autrice du rapport, exhorte à une réaction rapide et structurée. Elle insiste sur la nécessité pour son pays d’adopter des politiques ambitieuses de réduction des gaz à effet de serre et de renforcer les stratégies d’adaptation. « Si nous ne parvenons pas à anticiper un climat plus chaud, nous serons confrontés à des catastrophes naturelles plus dangereuses, qui submergeront nos services d’urgence, mettront à rude épreuve notre économie et déstabiliseront des communautés partout dans la région. »
La chercheuse souligne également la réalité d’un monde déjà transformé par des vagues de chaleur plus longues, plus intenses et plus meurtrières. Selon elle, « Si aucune mesure forte n’est prise pour réduire nos émissions et adapter les villes, les infrastructures et les systèmes de santé, l’humidité et la chaleur extrême pousseront nos corps à leur limite. Ce n’est qu’un exemple des nombreux impacts auxquels nous devons nous préparer si rien ne change ».
Stratégies prioritaires pour limiter le réchauffement climatique
Le rapport met en avant cinq axes d’action prioritaires, jugés essentiels pour contenir la hausse des températures sous le seuil de +2 °C d’ici 2100. La restauration et la préservation des forêts pourraient permettre d’absorber jusqu’à 88 gigatonnes de CO2 d’ici 2050, soit l’équivalent des émissions de 600 millions de véhicules sur trois décennies.
La généralisation de solutions de réfrigération respectueuses de l’environnement offrirait un potentiel d’économie de 100 gigatonnes de CO2 sur la même période. Par ailleurs, une transition énergétique accélérée vers le solaire et l’éolien permettrait respectivement de réduire les émissions de 86 et 57 gigatonnes.
La lutte contre le gaspillage alimentaire, notamment dans les pays industrialisés, représente également un levier majeur. Une réduction de 30 % du gaspillage pourrait éviter jusqu’à 89 gigatonnes d’émissions de CO2 d’ici 2050. Enfin, l’expansion de l’accès à l’éducation et des programmes de planification familiale, en particulier dans les pays en développement, contribuerait à limiter la croissance démographique et à éviter l’émission de 69 gigatonnes supplémentaires.
Solutions existantes et urgence d’agir pour le climat
Pour la professeure Perkins-Kirkpatrick, « La plupart des solutions dont nous avons besoin existent déjà », tout en rappelant que « notre fenêtre d’action se referme rapidement ». Elle conclut sur une note déterminante : « Chaque fraction de réchauffement que nous parviendrons à prévenir, nous évitera une catastrophe climatique encore pire ».



