
Le biochar, matériau issu de la pyrolyse de biomasse, suscite un intérêt croissant dans la lutte contre le changement climatique. Selon un rapport du GIEC, ce charbon végétal pourrait permettre à l’Inde de séquestrer jusqu’à 53 % de ses émissions de carbone. Inspiré de pratiques agricoles millénaires d’Amazonie, le biochar s’impose aujourd’hui à l’intersection de l’agriculture durable et de l’économie circulaire.
Le procédé consiste à chauffer des déchets organiques à haute température, en l’absence d’oxygène. Cette transformation stabilise le carbone contenu dans la biomasse, qui reste ainsi piégé dans le sol sur des périodes de plusieurs siècles, voire millénaires. Des études récentes estiment qu’une tonne de biochar permet de stocker entre 2,5 et 3 tonnes d’équivalent CO2.
Dans les pays nordiques, la valorisation du biochar s’accélère, à l’image de Stockholm qui convertit les résidus verts de ses espaces publics pour chauffer les logements et enrichir les sols urbains. Toutefois, le potentiel maximal de cette technologie s’exprime dans les régions tropicales, où la production de biomasse est favorisée par des conditions climatiques optimales.
Biochar et séquestration du carbone dans les sols agricoles
Dans de nombreux pays tropicaux, l’absence de filières de valorisation conduit à l’incinération des déchets agricoles, générant d’importantes pollutions. Le GIEC recommande ainsi de privilégier la production de biochar à partir de résidus agricoles, de bois ou de déchets verts, afin d’optimiser son impact environnemental et d’éviter des effets indésirables tels que la déforestation.
Les bénéfices du biochar ne se limitent pas à la captation du CO2. Incorporé aux sols, il améliore la rétention d’eau, réduit l’érosion, enrichit la fertilité en fixant les nutriments et stimule l’activité microbienne. En milieu urbain, il trouve également sa place dans le béton bas-carbone, les toitures végétalisées ou les parcs, contribuant à la vitalité des sols.
Plusieurs études évaluent le potentiel d’atténuation du biochar entre 0,3 et 6,6 milliards de tonnes de CO2 par an. Ce chiffre souligne l’importance stratégique de cette solution dans les politiques de réduction des émissions mondiales.
Déploiement industriel et innovations technologiques du biochar
La montée en puissance du biochar attire l’attention des collectivités et des acteurs privés, à condition de réussir son industrialisation. NetZero s’est donné pour mission de structurer cette filière, de la collecte des résidus à la production, la distribution et la formation des agriculteurs, jusqu’à la certification et la commercialisation de crédits carbone.
Axel Reinaud, président et cofondateur de NetZero, décrit ainsi l’approche de l’entreprise : « une société dédiée au déploiement de cette solution à grande échelle, qui va de la collecte des résidus de culture à la production de biochar, puis à sa distribution et à la formation des agriculteurs pour l’utilisation du biochar dans les champs, et aussi à la certification et à la commercialisation de crédits carbone, qui constituent les contreparties du processus d’élimination de carbone fourni par le biochar ».
Pour accélérer l’industrialisation, NetZero bénéficie du soutien de Dassault Systèmes et de ses outils numériques avancés. « Nous les avons utilisés pour réaliser des simulations, pour un jumeau numérique de notre usine de deuxième génération, qui est la solution que nous devons déployer à l’échelle de la mégatonne et au-delà », précise Axel Reinaud. Grâce à ces technologies, NetZero a pu réduire de 90 % la quantité de béton nécessaire à la construction de ses usines et de 90 % la quantité d’acier inoxydable pour les fours.



