
L’idée que les poissons puissent se noyer semble paradoxale. Après tout, ces animaux évoluent dans l’eau, leur élément naturel. Pourtant, il arrive que, faute d’oxygène, ils succombent à une forme d’asphyxie, une situation qui diffère de la noyade au sens strict, mais qui s’en rapproche.
Les poissons, contrairement à une idée reçue, n’utilisent pas l’eau elle-même pour respirer, mais l’oxygène dissous qu’elle contient. Leur appareil respiratoire, les branchies, filtre ce gaz vital lorsque l’eau passe sur leurs filaments branchiaux, permettant l’absorption d’oxygène, puis l’expulsion de dioxyde de carbone.
Ce mécanisme, essentiel à leur survie, peut néanmoins présenter des failles. Si les branchies sont endommagées, obstruées ou si l’eau manque d’oxygène, les poissons ne peuvent plus respirer correctement. Ils sont alors victimes de suffocation, une situation que certains qualifient improprement de noyade.
Certaines espèces, comme beaucoup de requins, doivent nager en continu pour maintenir un flux d’eau sur leurs branchies. Lorsqu’ils se retrouvent piégés, par exemple dans un filet de pêche, ou immobilisés, ils ne reçoivent plus assez d’oxygène. C’est alors un risque mortel : « l’immobilisation les prive d’oxygène et c’est la noyade ».
Par ailleurs, la pollution ou la présence de déchets, tels que des sacs plastiques, peut provoquer l’obstruction des voies respiratoires des poissons. Un thon dont la bouche est bloquée par un déchet subit le même sort : privé d’oxygène, il meurt asphyxié.
D’autres espèces, notamment le combattant du Siam, se sont adaptées à des milieux pauvres en oxygène grâce à un organe appelé « labyrinthe » qui leur permet de respirer de l’air atmosphérique. Mais si l’accès à la surface leur est interdit, ils ne survivent pas : « si ces derniers n’ont pas accès à la surface pour respirer, ils meurent noyés ».
L’eutrophisation constitue aussi une menace majeure pour la faune aquatique. Ce phénomène, causé par un excès de nutriments tels que le phosphore ou l’azote, entraîne une prolifération d’algues. Leur décomposition consomme tout l’oxygène de l’eau, menant à l’asphyxie généralisée des poissons.
Les activités humaines, notamment industrielles, agricoles et domestiques, jouent un rôle central dans l’accumulation de ces nutriments dans les milieux aquatiques. Ce sont donc souvent les humains qui, indirectement, provoquent ces épisodes massifs de mortalité des poissons.
Mais la responsabilité n’est pas toujours humaine : les hippopotames aussi contribuent à la chute du taux d’oxygène dans les rivières. Leurs déjections, en se décomposant, génèrent une forte consommation d’oxygène par les bactéries, privant les poissons de ce gaz vital et provoquant leur mort en nombre.
Finalement, bien que l’image du poisson qui se noie puisse surprendre, la réalité est que de nombreux facteurs, naturels ou liés à l’activité humaine, peuvent provoquer leur asphyxie sous l’eau. La question est donc moins celle du liquide que celle de la disponibilité de l’oxygène.



