
En pleine chaleur estivale, le long d’un sentier envahi par la végétation, la nature bruisse d’insectes et de parfums méditerranéens. Une falaise craquelée, tapissée de mousses et de plantes robustes, s’élève à proximité, baignée par une lumière éblouissante qui oblige à plisser les yeux.
C’est là que se cache le lézard des murailles, ou Podarcis muralis, reconnu pour son habileté à gravir les surfaces verticales. Son corps, d’environ quinze centimètres, se fond dans les tons dorés et bruns de la roche, grâce à un motif de taches sombres et verdâtres qui assure un camouflage efficace.
Ses longues pattes équipées de griffes lui permettent de s’agripper solidement, tandis que sa tête, fine et pointue, rappelle celle d’un serpent. Deux yeux orange guettent le moindre mouvement, et une grande écaille brune, entourée d’autres plus petites, est bien visible derrière chaque œil. La tache noire juste devant ses pattes avant marque son tympan, preuve que « les reptiles ne sont pas sourds ! »
La queue du lézard, effilée et deux fois plus longue que son corps, contribue à son équilibre. Cette morphologie permet au reptile de défier la gravité sur les parois abruptes. S’il se sent menacé, il disparaît en un éclair dans la première fissure venue, restant à l’abri des prédateurs tels que chats, oiseaux ou serpents.
Pourtant, la majeure partie de sa journée se déroule en toute quiétude, agrippé à la roche sous le soleil. Le lézard des murailles doit réchauffer son corps grâce à la chaleur ambiante, car il est ectotherme. Comme le rappelle l’article, « Les animaux ectothermes, contrairement à nous humains, ne peuvent pas réguler leur température ».
Sa température idéale se situe autour de 33 degrés. En dessous de ce seuil, le lézard devient lent et vulnérable, ce qui explique son hibernation durant l’hiver et sa réapparition aux beaux jours. Les lieux secs, ensoleillés et rocailleux, comme les murs et les escaliers des jardins, constituent son habitat favori, souvent à proximité des humains.
Il s’y nourrit d’insectes variés, tels que mouches, papillons, araignées ou criquets, trouvant facilement de quoi se sustenter dans ces environnements. Son aire de répartition s’étend à travers l’Europe et jusqu’en Asie mineure, preuve de son adaptation réussie à différents milieux.
La vie du lézard des murailles est rythmée par les saisons et les rivalités territoriales, surtout au moment de la reproduction. Les femelles pondent en été, dissimulant une dizaine d’œufs dans des recoins protégés. Les jeunes voient le jour entre juillet et août, prêts à affronter leur environnement dès la naissance.
Mais le trait le plus fascinant du lézard reste sa capacité à abandonner sa queue en cas de danger. « Oui, tu as bien entendu ! Sa queue, détachée de son corps, se retrouve alors à frétiller, à se tortiller toute seule : le prédateur concentre toute son attention sur elle, il croit tenir enfin la proie dont il va se délecter. Mais le lézard des murailles, ravi d’avoir fait diversion, file en douce pour échapper au danger. »
Ce phénomène, l’autotomie, est rendu possible par une structure anatomique particulière, où squelette et muscles de la queue s’imbriquent comme des pièces de Lego. La queue, bien que non vitale, est essentielle à l’équilibre et à la communication du lézard. Sa perte représente donc un coût important.
Heureusement, le lézard peut régénérer cet organe. Les cellules de son corps se mobilisent pour reconstruire une nouvelle queue, qui repousse en quelques semaines, bien qu’elle soit constituée de cartilage et non d’os, plus sombre et plus courte que l’originale. Parfois, plusieurs queues peuvent même repousser à la suite d’une blessure.
Cette prouesse biologique n’est pas sans conséquence. La régénération demande beaucoup d’énergie et fatigue les cellules du lézard au fil du temps. Il est donc déconseillé de déranger ou blesser ces animaux : leur queue est centrale à leur survie et sa régénération est un processus coûteux.
Chez l’humain, la régénération existe sous des formes plus limitées, comme la cicatrisation de la peau après une blessure. Toutefois, la recherche scientifique s’intéresse de près aux mécanismes du lézard des murailles, dans l’espoir de pouvoir un jour réparer des tissus humains ou soigner certaines maladies grâce à des traitements inspirés de ce petit reptile.
Ainsi, ce lézard discret, souvent aperçu sur les murets des jardins, suscite la curiosité des chercheurs du monde entier. Peut-être détient-il, sans le savoir, la clé de la médecine régénérative de demain.



