
Le nombril, zone pourtant visible sur tous les abdomens, fait figure d’énigme pour la communauté médicale, peu de recherches lui ayant été consacrées au fil des ans. Malgré ce désintérêt, une équipe de chercheurs japonais a récemment mis en lumière une hypothèse sur la raison pour laquelle certains nombrils sont creux, d’autres bombés.
Des études antérieures avaient tenté de classifier cette petite cicatrice laissée par le cordon ombilical. Au début du XXe siècle, trois formes étaient recensées, puis une soixantaine de variantes furent proposées. Aujourd’hui, la distinction se fait principalement entre les nombrils rentrés, qui forment une cavité, et les nombrils proéminents.
La majorité de la population, environ 90%, présente un nombril creux, tandis que 10% arborent une forme saillante. Pourtant, comme le souligne Satoru Muro, chercheur à l’Institut des sciences de Tokyo, l’anatomie précise de cette zone reste « totalement méconnue ».
Pour mieux comprendre cette particularité anatomique, Satoru Muro et son équipe ont examiné au microscope la région ombilicale de cinq corps humains. Leur objectif était d’améliorer les techniques de chirurgie abdominale, fréquemment réalisées à travers une incision au niveau du nombril.
Au cours de leur investigation, les chercheurs ont mis au jour une structure inédite sous la peau du nombril : une sorte de tunnel fibreux s’étendant vers les tissus abdominaux profonds. Ces tissus, les fascias abdominaux, jouent un rôle clé dans la stabilité de l’abdomen et le maintien des organes internes.
« Cette structure est composée de fibres de collagène, disposées de manière circulaire comme un manchon, que nous avons baptisé ‘gaine ombilicale’ », explique Satoru Muro. La gaine ombilicale ancre le nombril vers l’intérieur, participant à la formation du creux caractéristique.
Selon l’équipe, c’est la variabilité dans le développement ou la solidité de cette gaine qui pourrait expliquer pourquoi certains individus ont un nombril proéminent. Toutefois, les cinq corps étudiés présentaient tous un nombril creux, ce qui limite pour l’instant la portée des conclusions.
Des recherches complémentaires seront donc nécessaires, notamment sur des personnes au nombril bombé, pour confirmer le rôle de cette gaine fibreuse dans la morphologie ombilicale. Kat Sanders, professeure d’anatomie à l’Université de Sydney, estime que « cet article éclaire une partie de notre anatomie encore largement ignorée, avec des implications chirurgicales concrètes, notamment pour les interventions laparoscopiques ».



