
Contrairement à l’idée répandue selon laquelle chaque naissance aurait une chance égale d’être un garçon ou une fille, des chercheurs ont constaté que cette répartition n’est pas systématiquement équilibrée dans toutes les familles. Une étude récente menée sur une large cohorte remet en question ce principe de probabilité.
En analysant les données de plus de 58 000 infirmières américaines sur plusieurs décennies, les auteurs ont observé que lorsque trois enfants d’une même famille sont du même sexe, la probabilité que le quatrième soit également du même sexe s’élève à 60 %. Ce constat nuance la vision d’une simple égalité des chances.
Siwen Wang, épidémiologiste et première autrice de l’étude, explique : « Les familles qui désirent une progéniture de plus d’un sexe et qui ont déjà eu deux ou trois enfants du même sexe doivent savoir qu’en essayant d’avoir le prochain, elles jouent probablement à pile ou face avec une pièce pipée. »
L’approche de cette recherche diffère des précédentes, qui se concentraient sur l’individu. Cette fois, l’analyse a porté sur la famille entière comme unité, révélant des regroupements par sexe qui étaient difficilement perceptibles auparavant. Cela permet de mieux cerner l’influence de divers facteurs biologiques et génétiques.
Deux éléments semblent particulièrement influencer le sexe des enfants : l’âge de la mère à sa première grossesse et la présence de certaines variantes génétiques. Par exemple, les femmes ayant un premier enfant après 28 ans ont 13 % plus de chances d’avoir plusieurs enfants du même sexe que celles devenues mères avant 23 ans.
Les raisons précises de l’impact de l’âge restent inconnues, mais Siwen Wang avance une explication : « Avec l’âge, les femmes subissent des changements physiologiques tels qu’une phase folliculaire plus courte et un pH vaginal plus bas. » Un environnement vaginal plus acide pourrait favoriser la survie de certains chromosomes.
Sur le plan génétique, deux variantes maternelles situées près des gènes NSUN6 et TSHZ1 ont été associées à la naissance exclusive de filles ou de garçons. Le rôle exact de ces gènes reste à éclaircir, mais ils sont impliqués dans la régulation de l’activité génétique et la production de protéines, des mécanismes fondamentaux pour la grossesse.
Siwen Wang souligne : « La découverte de ces variantes maternelles significatives à l’échelle du génome était particulièrement surprenante », ainsi que « la force et la cohérence » des regroupements observés selon les indicateurs retenus, indépendamment des comportements parentaux.
Les chercheurs ont pris en compte le biais potentiel des familles qui continuent à avoir des enfants pour espérer obtenir un sexe précis, ce qui ajoute à la robustesse de leurs résultats. L’absence d’informations sur les pères limite toutefois la compréhension complète des interactions génétiques entre parents.
En conclusion, Siwen Wang précise : « Ce qui est fascinant, c’est que nous avons pu détecter des modèles significatifs uniquement à partir des données maternelles, y compris des variantes génétiques liées au fait de n’avoir que des garçons ou que des filles. Cela dit, le fait de ne pas disposer d’informations sur les pères biologiques nous empêche d’explorer pleinement la façon dont les facteurs maternels et paternels interagissent, ce qui est une direction importante pour la recherche future. »



