
Le sommeil, longtemps perçu comme une simple pause physiologique, s’impose aujourd’hui comme un pilier central de la santé cérébrale. Une publication récente dans JAMA Neurology met en relief le rôle déterminant du sommeil profond dans la préservation des fonctions cognitives, en particulier chez les personnes âgées. Cette étude éclaire d’un jour nouveau les interactions entre architecture du sommeil et risque de démence à long terme.
Le sommeil profond, ou sommeil à ondes lentes, représente une phase clé du cycle nocturne. Durant cette période, qui s’étend généralement sur 20 à 40 minutes, l’activité cérébrale ralentit, la fréquence cardiaque diminue et la pression artérielle s’abaisse. Ces modifications physiologiques traduisent un état de récupération intense, essentiel au bon fonctionnement du cerveau.
Selon Matthew Pase, neuroscientifique à l’Université Monash, « le sommeil lent profond soutient le cerveau vieillissant de multiples façons ». Il intervient dans la consolidation de la mémoire, le renforcement immunitaire et l’élimination des déchets métaboliques cérébraux. Ce dernier mécanisme est particulièrement crucial, car il permet d’évacuer des protéines impliquées dans la maladie d’Alzheimer. Cette découverte suggère que la qualité du sommeil profond pourrait influencer la survenue de pathologies neurodégénératives.
Sommeil profond et risque de démence : données issues d’une large cohorte
Les travaux menés par l’équipe de Pase s’appuient sur le suivi longitudinal de 346 participants de la Framingham Heart Study sur 17 ans. Les résultats sont sans appel : une diminution annuelle de 1 % du sommeil profond s’accompagne d’une hausse de 27 % du risque de démence et de 32 % du risque d’Alzheimer. Ces chiffres illustrent la forte corrélation entre la dégradation du sommeil profond et l’apparition de troubles cognitifs majeurs.
Il convient toutefois de préciser que l’étude ne démontre pas de lien de causalité direct. Néanmoins, elle met en évidence l’importance de préserver la qualité du sommeil tout au long de la vie, en particulier à un âge avancé. La surveillance du sommeil profond pourrait ainsi devenir un indicateur précoce du risque de déclin cognitif.
Facteurs génétiques et qualité du sommeil profond
Les chercheurs ont également identifié des facteurs susceptibles d’influencer la dégradation du sommeil profond. Fait notable, « un facteur de risque génétique pour la maladie d’Alzheimer, mais pas le volume cérébral, était associé à des déclins accélérés du sommeil à ondes lentes », souligne Pase. Cette observation met en lumière la complexité des interactions entre prédispositions génétiques, sommeil et santé cognitive.
La génétique apparaît ainsi comme un élément déterminant dans la vulnérabilité au déclin du sommeil profond, indépendamment de l’atrophie cérébrale. Cela suggère que certaines personnes pourraient être plus exposées au risque de démence en raison de leur profil génétique et de la qualité de leur sommeil.
Optimiser le sommeil profond pour la prévention des maladies neurodégénératives
Face à ces constats, l’amélioration du sommeil profond s’impose comme une piste prometteuse de prévention. Des mesures simples, telles que la régularité des horaires, un environnement nocturne propice (obscurité, silence, température fraîche), la réduction de l’exposition aux écrans et la pratique de techniques de relaxation, peuvent favoriser un sommeil réparateur.
Prendre soin de son sommeil revient à investir dans la santé de son cerveau sur le long terme. Cette étude rappelle que le sommeil profond ne relève pas du confort, mais constitue un besoin fondamental pour préserver les fonctions cognitives et limiter le risque de démence.



