Archéologie

Un Cupidon romain endormi retrouvé à Pula intrigue les archéologues après deux mille ans


Une découverte archéologique d’une rareté saisissante vient d’être dévoilée à Pula, en Croatie, suscitant l’enthousiasme de la communauté scientifique. Le 30 octobre 2025, le musée archéologique d’Istrie a présenté au public une statue romaine exceptionnelle, représentant un « Cupidon endormi ». Cette œuvre, exhumée à peine une semaine plus tôt dans le centre historique de la ville, rue Castropola, attire déjà l’attention des spécialistes.

Le directeur du musée, Darko Komšo, n’a pas caché son admiration face à cette trouvaille : « Il s’agit d’une découverte phénoménale, d’un véritable chef-d’œuvre de l’art antique qui figure probablement parmi les trois sculptures les plus précieuses de notre musée », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. L’émotion et la fierté étaient palpables parmi les équipes ayant participé à la mise au jour de ce trésor.

La statue a été retrouvée à l’issue d’une journée de fouilles marquée par la pluie, à environ trois mètres de profondeur, dans une couche correspondant à l’effondrement d’une ancienne domus. Selon Aleksandra Paić, archéologue responsable de l’opération, « le Cupidon a été découvert à la fin de la journée de travail, alors qu’il pleuvait, à environ trois mètres sous la surface du sol, dans une couche correspondant à l’effondrement d’une domus antique ». Ce contexte stratigraphique confère à la pièce une valeur scientifique majeure.

Patrimoine romain de Pula et architecture antique

Pula, connue dans l’Antiquité sous le nom de Colonia Pietas Iulia Pola, fut l’un des pôles urbains les plus dynamiques de l’Istrie romaine. Fondée au Ier siècle avant notre ère sous l’impulsion de Jules César, la cité s’est rapidement dotée d’un urbanisme typiquement romain, avec ses rues orthogonales, son forum et ses monuments publics imposants. Son amphithéâtre, son temple d’Auguste et l’arc des Sergii témoignent encore aujourd’hui de cette grandeur passée.

La statue de Cupidon a été exhumée dans une luxueuse pièce d’une ancienne domus, vraisemblablement habitée par une famille aisée de la cité. Les fouilles, entamées dix-huit mois auparavant, se concentraient sur cet espace orné de marbres et de fresques, dont la fonction exacte reste à élucider. Ce contexte domestique enrichit la compréhension des pratiques artistiques et sociales de l’élite urbaine romaine.

Statuaire romaine : un Cupidon rare et raffiné

Silvana Petešić, responsable de la collection antique du musée, décrit la pièce avec précision : « Il s’agit d’un jeune garçon ailé nu, un éros, sculpté dans un marbre blanc à grain fin de grande valeur. Notre éros repose sur une peau de lion, la tête appuyée sur la tête de l’animal, et à côté de lui se trouve un petit lézard – un motif que l’on retrouve dans seulement une vingtaine de sculptures similaires en Europe. » La finesse du travail et l’iconographie singulière confèrent à cette œuvre une place à part parmi les sculptures connues.

À l’époque impériale, Cupidon, héritier du dieu grec Éros, devient une figure omniprésente dans l’art romain. Les représentations du dieu sous les traits d’un enfant espiègle se multiplient, tant dans la statuaire que dans les fresques, mosaïques ou objets du quotidien. Elles symbolisent l’amour, l’innocence, et parfois la vie après la mort, reflétant la richesse des croyances et des sensibilités de l’époque.

Conservation, restauration et perspectives muséales

Les experts datent la statue du IIe siècle après J.-C., période florissante pour l’art décoratif romain. Malgré une aile brisée, l’œuvre est remarquablement préservée. Elle fera prochainement l’objet d’un nettoyage au laser et d’une restauration minutieuse, avant d’intégrer la collection permanente du musée archéologique d’Istrie. Son état de conservation et sa rareté en font déjà l’une des découvertes majeures de la décennie pour la région.

La communauté scientifique salue l’importance de cette trouvaille pour l’histoire de Pula et de l’art antique. « C’est une sensation incroyable, cela n’arrive qu’une fois dans une vie », confie Aleksandra Paić, soulignant la portée de cette découverte pour la connaissance du passé romain de la ville.

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