
Face à une prévalence mondiale de la maladie d’Alzheimer dépassant les 35 millions de cas, la nécessité d’un diagnostic précoce et fiable s’impose comme une priorité de santé publique. Les traitements actuels, bien que limités, démontrent une efficacité supérieure lorsqu’ils sont administrés dès les premiers stades de la pathologie. L’enjeu réside donc dans la détection rapide et précise des premiers signes de déclin cognitif.
Dans ce contexte, une équipe de l’université de Lund, en Suède, a récemment dévoilé un outil numérique novateur destiné à transformer la démarche diagnostique. Ce test cognitif, baptisé BioCog, s’inscrit comme une solution de première intention pour l’évaluation des troubles mnésiques associés à la maladie d’Alzheimer. Contrairement aux méthodes traditionnelles sur support papier, le dispositif se distingue par son caractère auto-administré sur tablette, réduisant ainsi l’intervention du personnel médical.
L’évaluation proposée par BioCog couvre plusieurs axes fondamentaux : la mémoire, via l’apprentissage et le rappel de dix mots ; la vitesse de traitement et l’attention ; l’orientation temporelle, ainsi que la reconnaissance différée de mots. Des paramètres auparavant difficiles à quantifier, tels que le délai de récupération d’une information ou la rapidité d’interaction avec l’interface, sont désormais mesurés avec précision.
Test cognitif numérique et dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer
Pontus Tideman, principal auteur de l’étude, précise : « La grande majorité des personnes souffrant de pertes de mémoire consultent d’abord leur centre de santé. Notre nouveau test numérique fournit une première image objective, plus précoce et plus précise, des patients présentant des troubles cognitifs évocateurs de la maladie d’Alzheimer. Cela permet d’identifier les patients devant subir un test sanguin mesurant le taux de protéine tau phosphorylée et capable de détecter la maladie d’Alzheimer dans le cerveau avec une grande précision ».
Cette innovation, publiée dans Nature Medicine le 15 septembre 2025, intervient à l’approche de la journée mondiale Alzheimer et met en lumière le potentiel des technologies numériques pour relever les défis du dépistage. Les tests sanguins, actuellement réservés aux structures spécialisées, pourraient à terme être intégrés à la pratique de la médecine générale, sans pour autant devenir systématiques.
Le dispositif BioCog optimise l’allocation du temps médical et soutient les médecins généralistes, souvent confrontés à un manque de ressources pour diagnostiquer les démences. Il permet ainsi de cibler plus efficacement les patients nécessitant des investigations complémentaires, notamment par biomarqueurs sanguins.
Validation clinique et perspectives pour les thérapies émergentes
Linda Karlsson, doctorante en recherche clinique sur la mémoire, souligne : « L’originalité de ce test est qu’il a été validé en conditions réelles, auprès de patients de soins primaires, c’est-à-dire des patients consultant dans un centre de santé pour des problèmes cognitifs, tels que des troubles de la mémoire ».
En associant les données issues de l’évaluation numérique à l’analyse des biomarqueurs sanguins, les chercheurs ambitionnent d’accroître la fiabilité du diagnostic précoce. Cette approche intégrée prépare le terrain à l’arrivée de nouvelles thérapies ciblées, en identifiant plus justement les patients susceptibles d’en bénéficier.



