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Les racines celtiques et mystiques de Samhain expliquent la naissance d’Halloween en Irlande


Bien avant que Halloween ne s’impose avec ses couleurs vives et ses citrouilles sculptées, l’Irlande célébrait une fête bien plus ancienne et énigmatique : Samhain. Dans les campagnes irlandaises, ce sont des navets, et non des citrouilles, que l’on creusait pour y placer une bougie, perpétuant ainsi un rituel ancestral. À proximité de Dublin, dans le comté de Meath, les villes de Trim et Athboy accueillent chaque année le Púca Festival, événement de trois jours où l’on plonge au cœur des traditions celtiques et mystiques. Trim abrite par ailleurs le plus ancien château du pays, érigé en 1172, qui fut immortalisé dans le film Braveheart.

Durant ce festival, un marché artisanal s’installe au pied du château, offrant aux visiteurs l’occasion de redécouvrir l’histoire de Samhain et la mythologie qui l’entoure. Des guides, accompagnés d’acteurs, orchestrent des parcours immersifs où démons et créatures mythiques viennent troubler la quiétude des lieux, invitant chacun à s’immerger dans l’imaginaire irlandais. Cette expérience sensorielle met en relief la richesse du patrimoine oral et rituel transmis de génération en génération.

Le nouvel an celte et la symbolique de Samhain en Irlande

Dans la cosmologie celtique, l’année était divisée en deux grandes périodes : la saison claire, célébrée au 31 mai, et la saison sombre, marquant le passage au 31 octobre. Samhain, considérée comme un véritable nouvel an, symbolisait la transition entre deux cycles et l’ouverture vers l’Autre Monde, celui des ancêtres et des divinités. Ce moment charnière était accompagné d’autres fêtes majeures telles que Beltaine, Lugnasad et Imbolg, rythmant la roue de l’année.

La colline de Tara, site emblématique du comté de Meath, accueillait l’assemblée de Tara lors de Samhain. Selon la tradition, la dernière réunion rituelle aurait eu lieu en 560, réunissant druides et souverains pour légiférer, célébrer la moisson ou unir des couples. Le 31 octobre, le roi attendait que la flamme sacrée s’allume sur la colline de Tlachtga, invoquant la déesse éponyme dont le sacrifice aurait protégé l’Irlande. Samhain, calée sur les cycles lunaires et agricoles, s’étendait sur une semaine autour de la pleine lune de novembre. L’Église, sous l’impulsion du pape Grégoire IV, a progressivement supplanté ces célébrations païennes par la Toussaint dès 835.

Nationalisme irlandais et réinvention des origines de Samhain

À la fin du XIXe siècle, le rapprochement entre Halloween et Samhain fut instrumentalisé par le mouvement nationaliste irlandais. En 1910, Arthur Griffith, alors à la tête du journal Sinn Féin, initia des festivités et jeux pour réaffirmer l’identité culturelle autour de Samhain. Toutefois, les sources historiques sur les origines véritables de Samhain demeurent incertaines, nombre d’éléments ayant été réinterprétés par les intellectuels du XIXe siècle.

Lady Francesca Wilde, mère d’Oscar Wilde, contribua à cette construction en publiant en 1887 Ancient Legends, Mystic Charms and Superstitions of Ireland. Cet ouvrage recense de nombreux rites attribués à la nuit du 31 octobre, renforçant la dimension mystique de la fête dans l’imaginaire collectif.

Rituels du Púca et traditions populaires d’Halloween en Irlande

Bien avant l’avènement des sucreries, une coutume irlandaise perdure : les enfants sollicitent “a penny for the púca” ou “un bonbon pour le púca”. Les familles confectionnent des gâteaux dans lesquels sont dissimulées des pièces, promesse de prospérité pour celui qui les découvre. Le 31 octobre, la frontière entre le monde des vivants et celui des morts est perçue comme particulièrement ténue, et la colline de Tlachtga demeure un haut lieu de rituels druidiques.

Lors du Púca Festival, une procession part de cette colline sacrée, où la flamme de Samhain est allumée, pour rejoindre Athboy. Les habitants, masqués d’animaux, cherchent à échapper aux fées, réputées pour leur malice. Les druides sacrifiaient autrefois des animaux, croyant que le feu de joie éloignait la malchance et assurait des récoltes abondantes. Aujourd’hui encore, l’herbe ne repousse pas sur le site des anciens sacrifices.

Légende de Jack-o’-lantern et migration des traditions celtiques

La tradition de Jack-o’-lantern, attestée dès les années 1750 en Irlande ou en Écosse, met en scène Jack, maréchal-ferrant condamné à errer entre les mondes, muni d’un navet évidé en guise de lanterne. Les Irlandais perpétuèrent ce rite en sculptant des navets lors de Samhain. L’émigration vers les États-Unis entraîna l’adoption de la citrouille, plus facile à travailler et abondante outre-Atlantique.

La coutume du “trick or treat”, quant à elle, trouve ses racines aux États-Unis dans les années 1930, période de crise économique. Ainsi, si Halloween s’est mondialisée, ses racines plongent profondément dans le terreau celtique et les traditions irlandaises, où le mystère et la mémoire des ancêtres demeurent au cœur des célébrations.

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